vendredi 19 juin 2009

Être acteur de l’innovation

Ceci est l’histoire bien connue d’un acteur de l’innovation Une bête bien curieuse que voilà, multiforme à souhait, souvent absorbée dans ce qu’elle a observé et toujours excessivement convaincue de sa transférabilité.

La typologie d’un tel profil, on s’en doute, est riche, entre un consultant ou un conseiller sans scrupules toujours convaincu d’avoir trouvé la pépite qui lui manquait pour assurer quelque peu son avenir et son homologue bouffi de naïveté ne pensant qu’à valider ses hypothèses et à compléter son lot de bonnes pratiques, payant de sa personne en toutes occasions et animé pour une sorte d’impérieuse nécessité d’être présent là où il pourrait être utile, oubliant par là-même qu’il est susceptible d’être perçu comme contrecarrant bien des arrangements et complaisances en tout genre. Il a du mal à comprendre que le fait d’être là peut déranger, surtout s’il se met en tête de faire des comparaisons que l’on s’est bien gardé de lui demander.

Il n’a encore rien fait qu’il est déjà susceptible d’ennuyer très fortement tel responsable de communication qui n’a pas compté sur lui pour bâtir un argumentation plus reluisant que son objet même. D’agacer un élu qui n’imaginait pas qu’un checheur allait raconter à un journaliste local que son projet phare était décliné dans bien des villes et n’avait en réalité contribué à la création que de bien peu d’emplois. De mécontenter un répresentant d’entreprises en souligant l’utilisation en d’autres lieux de technologies plus pertinentes. La liste pourrait être longue, on l’aura compris.

Ceux suceptibles d’être les meilleurs conseilleurs quant aux décisions à prendre se voient peu recherchés pour construire réseaux et projets. Disons le tout net à l’attention des rares lecteurs qui ne s’en seraient pas encore aperçus: un acteur de l’innovation digne de ce nom ressemble bel et bien à s’y méprendre à un empêcheur de tourner en rond dont le tort est d’abord d’ouvrir les yeux et de mettre son capital immatériel au service de ce qui ne sert pas forcément les intérêts privés de ses interlocuteurs. Un fâcheux, en quelque sorte, pour lequel on souhaiterait vontiers selon le cas qu’il manque son avion ou du moins que celui-ci ait un retard conséquent, qu’il s’égare en cours de route ou encore qu’il prolongue son déjeuner. A défaut, on lui annoncera volontiers une fausse fin de réunion. Si notre homme (ou femme) est jouissif (ve), il ne regrettera pas en ce cas d’être venu, tant apparaît innénarable la tête de ceux qui s’apprêtent à rester tout en feignant de s’en aller...

Si cela vous arrive un jour, ne boudez pas votre plaisir, en prolongeant par exemple excessivement vos propos et poussant ainsi à bout votre interlocuteur qui, croyant ou non, entame en direct une prière de plus ferventes pour que sa situation prenne fin. Observer en ce cas l’incomparable mouvement des regards en direction de la porte, les mains s’agitant bien inutilement ou encore - on vous envie - en démultipliant des promesses dont il ne sait pas encore comment il va bien pouvoir les tenir!